Actu

Impact de l’IA sur la sécurité de l’emploi et les risques de remplacement

En 2023, l’Organisation internationale du travail signale que 14 % des emplois dans le monde sont exposés à un risque élevé d’automatisation. Cette évolution ne touche pas uniquement les tâches répétitives, mais concerne aussi des secteurs jugés jusqu’ici épargnés par la robotisation.

La France observe déjà une hausse des troubles psychosociaux liés à la transformation numérique des métiers. Les syndicats réclament un cadre de prévention des risques, tandis que des employeurs peinent à anticiper les effets de l’intelligence artificielle sur la charge et la nature du travail.

Quand l’intelligence artificielle redéfinit le monde du travail : constats et tendances

L’intelligence artificielle ne joue plus seulement les trouble-fête dans les usines. Désormais, la vague de l’intelligence artificielle générative secoue aussi les bureaux, les studios de création, les services financiers et les métiers de l’analyse. Le dernier rapport de l’Organisation internationale du travail fait tomber les cloisons : aujourd’hui, la machine s’invite partout, y compris là où l’on pensait qu’elle n’oserait pas mettre un pied. L’automatisation ne se limite plus à l’assemblage ou au transport. Elle gagne la conception, la rédaction, l’interprétation de données, et s’étend du secteur bancaire à l’industrie culturelle. Personne ne peut vraiment affirmer que son domaine sera totalement préservé.

Sur le terrain, le marché du travail en France et en Europe se réinvente à marche forcée. Les promesses de gains de productivité se doublent d’un défi : comment déplacer les compétences, accompagner les reconversions et ne pas laisser sur le carreau ceux pour qui la mutation s’annonce brutale ? Les entreprises, sous la pression de la concurrence mondiale, revisitent leurs stratégies de recrutement et de formation. Le Fonds monétaire international l’affirme : près de 60 % des emplois pourraient être affectés, d’une manière ou d’une autre, selon l’exposition des tâches à la technologie et la capacité des salariés à collaborer avec les machines.

Pour mieux comprendre ce bouleversement, voici quelques tendances qui s’imposent dans les organisations :

  • Transformation accélérée de nombreux métiers
  • Redéfinition des critères de recrutement et d’évolution
  • Émergence de nouveaux besoins en données et en pilotage algorithmique

Face à ces changements, les employeurs veulent tirer profit des avancées de l’intelligence artificielle générative tout en gardant un œil sur les effets collatéraux sur l’emploi. Pour les salariés, la réalité est claire : il faut apprendre en continu, s’adapter vite et rester vigilant. Le défi n’est pas seulement technique ou économique, il est aussi social et humain. L’anticipation, l’agilité et la mobilisation des acteurs publics pèseront lourd dans la balance à venir.

Quels impacts sur la santé et la sécurité des salariés face à l’automatisation croissante ?

L’essor de l’intelligence artificielle et l’automatisation généralisée bouleversent profondément le quotidien des travailleurs. L’intégration de nouveaux outils et la généralisation de la surveillance algorithmique redéfinissent le rapport au travail, parfois jusqu’à l’excès. Certaines tâches pénibles disparaissent, mais partout ailleurs, de nouveaux risques professionnels apparaissent ou s’intensifient.

Au cœur des organisations, la collecte et l’exploitation massive de données pour mesurer la performance ou suivre l’activité en temps réel font émerger des risques psychosociaux (RPS) inédits. L’algorithme impose son tempo : pression constante, objectifs inatteignables, manque de repères humains. Résultat : une augmentation des burn-out, un sentiment d’isolement qui s’installe, parfois une perte de sens. Les secteurs tertiaires, longtemps à l’abri des risques physiques, découvrent à leur tour la réalité de la déshumanisation, la raréfaction des échanges directs et la perte de contrôle sur l’organisation du travail.

Pour illustrer concrètement cette réalité, voici les principales conséquences recensées sur le terrain :

  • Accroissement de la surveillance et du reporting automatisé
  • Développement de nouvelles formes de fatigue mentale
  • Multiplication des alertes syndicales sur les risques d’atteinte à la santé mentale

Les dispositifs de santé et sécurité au travail tentent d’évoluer, mais la vitesse du changement dépasse souvent leur capacité d’adaptation. Les représentants du personnel, en France comme ailleurs, s’interrogent : les protocoles existants peuvent-ils réellement répondre à la montée en puissance des risques liés à la relation humain-machine ? Avec l’émergence de deepfakes ou de manipulations de l’information interne, une nouvelle complexité s’ajoute à la prévention. Pour l’instant, les réponses restent éparses et peinent à suivre le rythme de l’innovation.

Jeune femme au bureau avec robot et ordinateur

Dialogue social, prévention et adaptation : quelles pistes pour un avenir du travail plus sûr ?

Dans ce contexte instable, le dialogue social devient un enjeu central. En France, le Conseil économique, social et environnemental (CESE) multiplie les échanges et les rapports pour anticiper le choc de la transformation des métiers. Les partenaires sociaux veulent peser, réclament l’accès à des données fiables sur le déploiement de l’IA dans les entreprises. Sans transparence, pas de contrôle possible sur les dérives de l’automatisation ou de la surveillance algorithmique.

L’adaptation passe par l’évolution du droit du travail, mais aussi par la montée en compétence des représentants des salariés. La loi sur l’IA, tout juste adoptée en Europe, oblige désormais les entreprises à faire preuve de transparence et à évaluer les impacts de l’IA sur l’emploi. Sur le papier, la démarche est saluée par de nombreux syndicats. Dans la réalité, beaucoup reste à construire. La formation s’impose à tous les niveaux : du top management aux opérateurs, chacun doit saisir les nouveaux enjeux du lien humain-machine.

Pour renforcer la prévention et accompagner la mutation, plusieurs leviers sont activés au sein des organisations :

  • Dialogue renforcé entre directions et représentants des salariés
  • Déploiement de formations ciblées sur les risques IA
  • Transparence sur les algorithmes utilisés
  • Évaluation partagée des impacts sur la santé

Trouver un équilibre, c’est là tout le défi : profiter des avancées technologiques, sans sacrifier la santé ou la dignité de ceux qui travaillent. Des dispositifs pilotes émergent dans le secteur public, les grands groupes mais aussi les PME. L’objectif : faire de la prévention une habitude, et non une réaction forcée.

Reste à voir si le monde du travail saura apprivoiser ces mutations ou si la technologie continuera de dicter ses propres règles. L’avenir le dira, mais une chose est sûre : la vigilance collective ne devra jamais baisser la garde.