La sorophilie et ses particularités : comprendre cette fascination
Certains objets ne verront jamais la lumière crue des vitrines ni ne s’échangeront dans les salles feutrées des enchères. Leur univers se tisse ailleurs : dans l’ombre de réseaux privés, loin des projecteurs, où la rareté n’ouvre pas forcément les portes de la reconnaissance ou de la spéculation. Ici, tout s’organise selon des règles propres : classements méticuleux, codes tacites, jargon aussi précis qu’hermétique. Rien à voir avec la rigueur codifiée de la philatélie ou le prestige de la numismatique.
Quand des objets ordinaires deviennent les héros de quêtes passionnées, parfois jusqu’à l’obsession, les lignes se brouillent. Curiosité ou spécialisation ? Difficile à dire. Ce qui pour certains ne relève que de l’anecdote peut, pour d’autres, franchir des frontières que la société juge floues, voire dérangeantes. La norme et la marge ne coïncident pas toujours avec ce que l’époque tolère ou valorise.
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La sorophilie, une fascination singulière encore peu explorée
La sorophilie intrigue par sa rareté et par la diversité de ses définitions. Le terme, peu connu du grand public, prend des sens qui varient selon les contextes. D’un côté, le monde médical la rattache à une attirance sexuelle orientée vers les souris. De l’autre, le cinéma, à travers Les Fantasmes de David et Stéphane Foenkinos, adaptation du film australien If You Love Me de Josh Lawson, la présente sous un angle radicalement différent : c’est ici l’excitation liée à la sœur de l’être aimé qui prime. Deux concepts, un même mot, et une polysémie qui explique sans doute le silence qui entoure le sujet.
Du point de vue de la psychologie, la sorophilie s’inscrit dans la longue liste des attirances sexuelles atypiques. Les fantasmes ne se limitent pas à ce que la société attend : ils défrichent des territoires parfois inexplorés. Ludophilie, dacryphilie, hypophilie, autagonistophilie… Le cinéma s’en amuse et les met en scène, mais la recherche scientifique, elle, avance prudemment. Documentation rare, témoignages quasi absents, la sorophilie reste en marge, loin des projecteurs et des manuels de psychiatrie.
Pour mieux cerner ces nuances, voici quelques points clés :
- Sorophilie : excitation pour la sœur de l’être aimé (Les Fantasmes), ou attirance pour les souris selon les sources scientifiques
- Paraphilie : tout désir jugé atypique au regard des normes sociales
- Fantasme : construction imaginaire, souvent à caractère sexuel, qui donne forme à un désir
En filigrane, la sorophilie pose une question délicate : où commence la déviance, où finit la norme ? Les études font défaut, les rares voix qui s’expriment restent isolées. Qu’il s’agisse d’une souris ou d’un membre de la famille, l’objet du désir bouscule l’ordre établi et force à repenser les frontières du possible.
Pourquoi l’attirance pour les souris intrigue autant ? Regards croisés sur ses origines et ses nuances
La paraphilie qu’incarne la sorophilie déstabilise, avant tout par son extrême rareté. Dans les manuels, les références à l’attirance pour les souris sont presque anecdotiques. Les personnes concernées n’ont guère d’espace pour s’exprimer, tant le tabou est lourd. Les rares chercheurs à s’y intéresser soulignent ce vide : témoignages absents, corpus inexistant. Parfois, le sujet affleure dans quelques travaux, mais il reste largement ignoré.
Le cinéma, lui, s’en empare avec une certaine liberté. Dans Les Fantasmes de David et Stéphane Foenkinos, le terme désigne une tout autre obsession, celle pour la sœur de l’être aimé. Cette idée, importée du film australien If You Love Me (The Little Death) de Josh Lawson, s’inscrit dans un panorama plus large : six histoires de couples, six désirs atypiques, six paraphilies peu traitées, dont la sorophilie. La fiction s’autorise ce que la science n’ose pas toujours explorer.
Pourquoi la souris, précisément ? Animal ambivalent, elle évoque la fragilité, la ruse ou la marginalité. Elle attire et repousse à la fois, cristallisant des peurs et des fantasmes. La psychologie du désir souligne cette tension : l’objet fantasmé, chargé de symboles, fait ressurgir des interdits, des peurs enfouies, des projections inconscientes. La sorophilie force ainsi à regarder la frontière mouvante entre ce qui rassure et ce qui dérange, entre norme et différence.

Entre curiosité et incompréhension : comment la sorophilie est perçue dans la société contemporaine
La sorophilie suscite autant l’étonnement des chercheurs qu’elle embarrasse le grand public. Le simple mot fait sourire, gêne ou inquiète. Peu revendiquent ouvertement cette attirance sexuelle atypique, tant le phénomène demeure enveloppé de silence.
Dans la culture occidentale, la sorophilie n’a pas trouvé sa place : elle circule à la marge, entre fascination et incompréhension. Parfois, les médias s’en emparent, souvent sur le ton du détachement ou de l’ironie. Les espaces pour en parler franchement sont rares. Le désir, dans sa pluralité, reste difficile à aborder sans jugement.
Pascal Quignard, dans Le Sexe et l’effroi, décortique ce mélange d’attrait et de sidération, baptisé fascinus. La sorophilie, avec sa singularité, condense cette tension. Elle met en lumière la difficulté persistante à séparer le fantasme sexuel de la norme collective, à envisager toutes les paraphilies sans tomber dans la stigmatisation.
Trois aspects illustrent la manière dont la société aborde ce phénomène :
- Tabou social : la sorophilie reste largement invisible dans l’espace public
- Fascination anthropologique : elle questionne l’équilibre fragile entre désir et effroi
- Circulation culturelle : sa représentation oscille entre marginalisation et curiosité, notamment à travers le cinéma ou la littérature
La sorophilie, finalement, n’est ni simple bizarrerie ni simple invention. Elle interroge, dérange et, parfois, fait rire jaune. Une énigme, à la fois proche et lointaine : révélatrice, peut-être, de ce que nous ne voulons pas toujours regarder en face.